Historique de la Société de Médecine de Douai  

Les origines de la Société de Médecine de la Ville de Douai


Spécial bicentenaire: 1804-2004




Si les conditions d'exercice de la médecine ont beaucoup changé et continuent d'évoluer - pas toujours favorablement - peut-on parfois estimer ses fondements éthiques demeurent. Il nous a paru intéressant de rappeler le long passé de notre association.

Elle a en effet été fondée le 29 thermidor an XII (17 août 1804) et autorisée par arrêté du Ministre de l'Instruction Publique le 4ème jour complémentaire an XII (12 septembre 1804) avec comme objectif de faciliter l'instruction médicale des étudiants et des praticiens et de s'opposer au charlatanisme, lequel s'était développé à la suite de la loi du 2 mars 1791 proclamant la liberté de toutes les professions sans condition légale d'études, de grades ou de diplômes. La loi du 15 septembre 1793, supprimant ensuite les universités, avait alors entraîné la disparition de celle de Douai, qui avait été créée le 5 octobre 1562 par Philippe II d'Espagne et comportait une faculté de médecine avec 3 professeurs.

Considérée comme l'héritière de cette ancienne faculté, la "Société Médicale" de Douai s'était donnée pour but "de travailler aux progrès de l'art de guérir "en favorisant les échanges entre les praticiens, la communication et la discussion de leurs observations. Après avoir siégé à l'Hôtel du Dauphin à la fondation, la Société a souvent changé de locaux, pour revenir depuis 1951 à l'Hôtel du Dauphin.

Disposer d'une bonne bibliothèque fut un des premiers buts de la Société, afin de mettre à la disposition de ses membres les livres et journaux médicaux que ceux-ci ne pouvaient acquérir individuellement. Mais la surveillance des prêts s'avérera à l'usage bien difficile. La Société dispose encore d'une riche bibliothèques d'ouvrages du XVIIIe et du XIXe.

Dès sa fondation, la Société s'est attachée à la promotion de la "Vaccine", la première inoculation de vaccine contre la variole ayant été réalisée par Jenner en 1796. On trouve dans les archives un "Compte-rendu par la Société Médicale de Douai des vaccinations faites dans ladite ville, depuis le 1er janvier 1807 jusqu'au 1er avril", signé de Taranget, Secrétaire et considéré comme le fondateur de la société). On trouve également une note d'un correspondant d'Armentières, destinée "aux habitans des campagnes" intitulée "Vaccine. Préservatif des vilaines poquettes". Mais, malgré les demandes de la Société, c'est en fin de compte Lille qui fut choisie en 1810 pour être le siège d'un des 25 dépôts de conservation du vaccin.

Les questions d'hygiène et de salubrité furent également l'objet des préoccupations de la Société, avec la constitution d'un registre destiné à consigner les observations météorologiques et leurs éventuelles relations avec les affections constatées. Il faut se rappeler que, faute de connaître les microbes, on considérait encore que les épidémies étaient liées à des "effluves" ou des "miasmes" sur le développement desquelles les perturbations atmosphériques pouvaient avoir une influence dont il fallait chercher les lois (rappelons que Lille a connu sa dernière épidémie de peste en 1667-1668).

De façon plus pratique, la Société s'est investie dans la prophylaxie d'épidémies comme le choléra en formant en 1814 un " Comité se Santé ", dans le secours aux indigents par la constitution d'un "Bureau de consultations gratuites" en 1826, dans l'organisation des secours aux noyés. C'est parmi les membres de la Société que furent choisis les médecins du Conseil de Salubrité de l'arrondissement de Douai créé en 1828.

La Société s'est toujours préoccupée de son rôle dans l'enseignement, constituant dès 1808 un cours complet d'enseignement médical et s'efforçant dès 1806 de faire revenir à Douai le siège d'une faculté de médecine. A la création de l'Université Impériale en 1808, Douai a bien été choisie comme siège d'une académie, mais celle-ci ne comportait que la seule faculté de lettres (dont Taranget fut nommé doyen). Et c'est finalement Lille qui obtint en 1852 la création de cette école secondaire de médecine, devenue faculté en 1876.

En 1825 la Société a décidé la constitution d'un prix de la Société Médicale de Douai, mais ce prix n'a été décerné que 3 fois :

• En 1826 sur le sujet " De l'emploi des révulsifs dans les inflammations aiguës des organes de la respiration et dans celui des gastro-entérites, en déterminant le choix et le mode suivant les différents cas, et particulièrement le temps de la maladie le plus convenable à leur application pour  lequel 7 mémoires ont été envoyés, le prix étant finalement partagé entre un professeur de l'école de médecine de Bordeaux et un médecin de l'hôpital militaire de Strasbourg.

• En 1828, pour le sujet "Déterminer les causes, les symptômes et la nature du cancer ; en indiquer la marche dans les différents tissus et le traitement qui lui convient", 5 mémoires furent reçus et le prix fut attribué à un médecin de Metz.

• En 1832, le sujet "Des causes, de la nature et du traitement des fièvres intermittentes" intéressa 5 concurrents et c'est un médecin de Lyon et un autre de Bordeaux qui furent primés.

En 1835, pour le prix destiné à l'auteur de la meilleure statistique médicale de l'arrondissement de Douai, aucun mémoire ne fut reçu et la Société cessa de décerner ces prix.

Depuis ces origines, la Société a poursuivi ses activités selon des fortunes diverses, avec des périodes de léthargie à l'occasion desquelles elle menace de s'éteindre, suivies de regains d'activité pour de nouveaux départs. Il en a été ainsi en 1966, année au cours de laquelle la Société a adopté le statut d'association déclarée régie par la loi de 1901, sous la dénomination de Société de Médecine de la Ville de Douai.

Enfin, après une année sabbatique en 1987 où elle a été prête à s'interrompre, la Société est repartie de plus belle, se consacrant désormais entièrement à la formation continue des médecins. Depuis 15 ans, son activité reste soutenue : avec près de 150 adhérents, l'organisation chaque année de 9 soirées portant sur des thèmes généraux auxquelles participent une quarantaine de médecins, d'une journée de formation qui réunit plus de 70 participants, la Société constitue une association de formation continue dynamique.

Le fait de rassembler à l'occasion de ces manifestations les praticiens de tous exercices - généralistes et spécialistes de ville, hospitaliers publics et privés, médecins du travail… - est en outre une particularité non dépourvue d'intérêt.

Malgré règlement, déclarations et beaux projets, la Société Médicale n'a fait que peu de publications. On retiendra essentiellement quelques nécrologies des premiers membres (notamment celle du Dr Boulanger, décédé à 24 ans quelque temps après son entrée dans la Société, venant nous rappeler la précarité de l'époque face à la maladie). On notera surtout la plaquette du Dr Maupâté "La Société Médicale de Douai" éditée par la Société en 1937 dont sont tirées la majeure partie des informations ici rapportées.

Les archives de la Société ont été conservées intactes depuis la fondation en 1804. Elles ont été déposées par convention aux Archives municipales de Douai en 1997, où elles peuvent être consultées sur autorisation, ce qui a déjà été fait par plusieurs historiens et chercheurs en sciences sociales depuis ce dépôt.